Salut, salut,
Nouveau
billet...
Et cette fois il sera question de faire
tomber les masques !
Elle a de très nombreux adeptes,
séduits, endoctrinés ou les deux, sous son joug ; ils
sont incapables de se soustraire à sa beauté. Car ne vous y trompez
pas, elle est tout aussi tentatrice que prédatrice. Je
vous parle de...
Ahri, la renarde aux neuf queues !
« Ne me faites-vous pas confiance? » |
Il sera principalement question ici des
mythes du monde ayant pour objet le renard, et principalement
ceux venant du lointain orient, dont Ahri est
directement issue.
Parce qu'un peu à la manière de
Wukong, tout droit sorti du Voyage en Occident,
Ahri
est une retranscription des contes
et légendes dans
l'univers de la League.
Rusées comme des renardes,
En vérité, il s'agit d'une expression assez représentative de la conception populaire de ce qui définit un renard. Mais ce qui est particulièrement notable, c'est qu'elle est commune à des folklores qui ne sont pourtant en rien semblables. Ainsi donc occidentaux et asiatiques s'accordent à qualifier le renard comme un animal rusé, sournois et manipulateur. On le voit volontiers enclin à la flatterie et au mensonge pour parvenir à ses objectifs quels qu'ils puissent être, et souvent consistant à je-ne-sais quel jeu simplement malicieux, ou même tout à fait pervers...
« Messire Renart pour vous servir. » (Ou pas...?) |
Il est
d'ailleurs plutôt révélateur qu'en français le terme même de «
renard » puisse avoir pour origine le nom du personnage
principal d'un pan de notre culture : Le Roman de Renart. Oui
parce qu'il faut le savoir, le « renard » était nommé «
goupil » auparavant. En réalité le mot est un dérivé
du nom « Renart » (avec un t donc), lui même venant
de l'allemand.
Le Roman de
Renart, pour ceux qui auraient séché le collège, est un
recueil d'histoires écrites en vers et par de multiples auteurs le
plus souvent anonymes, retraçant les péripéties vécues par
Renart. Elles n'ont pas nécessairement de liens entre elles, mais
font intervenir des personnages récurrents.
Comme bonne
image, on pourrait maintenant parler des séries télévisées.
Pour certaines d'entre elles, on peut tout à fait regarder
indépendamment chaque épisode sans avoir de problème de
compréhension.
Le schéma
habituel d'un récit consiste à opposer Renart,
personnage rusé, malicieux et à la moralité douteuse, à Ysengrin,
le loup (qui est aussi son oncle), incarnant la force... et la
bêtise. Le premier se jouera sans cesse de l'autre, se moquant de
lui de multiples façons, rarement très sympathiques, et le «
cocufiera » même en partageant la couche de Hersent,
la louve.
Une histoire
particulièrement connue comme ça, celle de la Pêche d'Ysengrin.
On est aux portes de l'hiver et le loup souhaite faire quelques
provisions, aussi part-il pêcher dans le lac le plus proche.
Seulement voilà, une fois sur place il se rend compte que sa surface
est gelée. Il s'assoit, dépité. Que va-t-il donc pourvoir faire? A
ce moment apparaît Renart, qui sans idée aucune, va
lui porter conseil. Il lui montre que la glace a été brisée par
endroit, et lui suggère d'en profiter, il pourrait attacher un sceau
à sa queue pour y piéger du poisson. Mais le goupil le prévient :
il ne devra pas bouger, sans quoi le poisson prendra peur et
s'enfuira. Bien évidemment le pauvre Ysengrin marche
et se retrouve bloqué par la glace...
Avant toute chose, il faut savoir que si la Chine, le Japon et la Corée, partagent un mythe commun, ils ont des versions légèrement différentes de ce
qu'est la femme-renarde comme on l'appellerait en France.
« Vous êtes la
Nidalee des
hôtes de ces bois. »
|
Autre auteur
très apprécié des professeurs de français, La Fontaine
s'est inspiré de certains de ces récits pour concevoir ses fables.
Il y dépeint un
renard au comble de la ruse et de la sournoiserie à nouveau, jouant de tours que n'auraient pas renié l'autre
goupil. A moins, une fois encore, que ç'eût été les siens
justement.
La principale
différence cependant étant qu'il n'en sort pas toujours victorieux.
Il apparaît parfois trop orgueilleux, ce qui se retourne contre lui.
Ainsi dans Le
Corbeau et le Renard, ce dernier parvient par la plus hypocrite
des flatteries à se jouer du volatile, chapardant par la suite son
fromage. Dans Le renard et le
Bouc, sans doute moins connu, les deux compères
descendent s'abreuver dans un puits, mais ne peuvent remonter. Le
renard suggère au bouc de lui faire la courte échelle, après quoi
le goupil lui rendrait la pareille le faisant à son tour sortir de
ce guêpier. Toutefois au moment de tenir sa promesse, il préféra
laisser croupir le bovidé au fond du puits.
En revanche, Le
Renard et la Cigogne, nous offre un sournois renard pris à
son propre jeu. Il invita tout d'abord la Cigogne à dîner, et
présenta le repas dans une assiette. Bien sûr l'oiseau était bien
mal équipé pour attaquer sa pitance, son embarras amusa certainement
le canidé. Mais il ne s'attendait pas à être trompé à son tour lors de son invitation-retour chez la Cigogne. Il se trouvera tout aussi
penaud face à un long vase que la Cigogne à son assiette.
Bref, si cette
conception du renard est ancrée dans notre culture occidentale, ce
qui est plus intéressant reste le rapport qu'ont les asiatiques à
l'animal. Car comme signalé Ahri est directement issue
de contes populaires coréens.
Alors les terres du soleil partagent-elles ce-dit rapport avec nous
autres occidentaux?
Elles vinrent de l'orient,
Pour sûr la renarde aime jouer d'instruments... |
En Chine, il s'agit de la « Huli Jing », au Japon de
la « Kitsune » et en Corée de la « Kumiho
».
Et puisqu'on parle de noms, sachez que pendant longtemps le nom de code du projet qui allait devenir Ahri était « Kumiho ». De ce coté on est clair donc.
Et puisqu'on parle de noms, sachez que pendant longtemps le nom de code du projet qui allait devenir Ahri était « Kumiho ». De ce coté on est clair donc.
Son nom définitif ayant était ensuite choisi par vote et parmi
une liste proposée par Riot Games de mots / prénoms coréen.
Le gagnant étant donc « Ari » (sans h) qui peut signifier dire « grâce », « élégance », « charme » en coréen...
2°/ « Kitsune »
Traversons la mer et partons pour le pays du soleil levant...
Pour citer une kitsune connue, je parlerai de Tamamo-no-Mae, dont l'histoire est très célèbre.
Vient enfin leur sœur coréenne : la Kumiho / Gumiho. Le terme signifiant « renarde à neuf queues »...
Bon, pour en revenir à la femme-renarde, il semblerait que le
mythe originel vienne de Chine, et peut être même d'Inde en premier
lieu, mais... Je n'ai pas grand chose à dire sur ce dernier pays. Il me
semble donc tout naturel de commencer avec la « Huli Jing »
chinoise.
1°/ « Huli Jing »
Étymologiquement « Huli » signifie renard et « Jing
» esprit. Plusieurs choses à partir de là. Déjà, en Chine, l'animal
est traditionnellement lié à la sexualité et au tabou. Les temples
qui lui ont été érigés servaient aux femmes souhaitant charmer et
séduire des hommes.
Ensuite, le renard est souvent utilisé pour désigner le « barbare », « l'étranger ». Il n'est pas illogique qu'il soit associé à un esprit n'ayant pas grand chose d'humain.
Ensuite, le renard est souvent utilisé pour désigner le « barbare », « l'étranger ». Il n'est pas illogique qu'il soit associé à un esprit n'ayant pas grand chose d'humain.
Enfin, dans un langage familier, le terme « Huli Jing » sert aussi à
désigner les femmes de petite vertu et les prostituées.
S'ils sont fortement connotés par principe, ces esprits peuvent tout
aussi être bons que mauvais. Dans tous les cas, ils sont crains par
la population pour leurs capacités de manipulation et leur
propension à la métamorphose et à hanter certains lieux.
Il est ainsi conté par Guo Pu, célèbre pour recenser les
fables et superstitions de son époque, qu'un renard atteignant cinquante ans serait
capable de prendre l'apparence d'une femme et que centenaire il
pourrait devenir une femme magnifique, un homme aux grands pouvoirs
de séduction et aurait des capacités de sorcellerie. Leur espérance
de vie pourrait s'étendre à huit cents ans, mille ans et ils pourraient
même devenir immortels.
Parmi les Huli Jing
les plus connues, on retrouve Daji, dont
l'histoire romancée est contée dans L'Investiture des Dieux, ouvrage du XVIème - XVIIème siècle.
Il y est décrit la fin du règne de Zhou Wang, dernier
Empereur de la famille des Shang. Et s'il était renommé pour
son héroïsme et son éloquence, il l'était aussi pour son goût
des femmes... Ce qui le perdra. Il visita ainsi un temple dédié à
la déesse Nuwa et resta en admiration devant une de ses
représentions. Au point même qu'il lui fit des allusions suggestives,
allant jusqu'à la profaner en y inscrivant un poème érotique.
Courroucée par tant d'audace, la déesse requit l'aide d'un esprit
renard et lui promit l'immortalité s'il parvenait à mettre un terme
au règne l'Empereur.
Il se trouve qu'au même moment une sublime jeune femme, que le bougre
avait prit en trophée après la conquête d'une province, arrivait au
palais. Le renard corrompit l'esprit de la dénommée Daji
et posséda son corps. Dès lors elle entraverait l'Empereur dans son
désir de luxure et lui ferait oublier toutes ses autres
prérogatives. C'est ainsi que les rebelles le renversèrent... Sans toutefois que l'esprit n'obtienne son dû, car il fut exorcisé du corps de la pauvrette.
2°/ « Kitsune »
Traversons la mer et partons pour le pays du soleil levant...
Au japon on parle de « Kitsune » pour désigner ces
esprits de renard. Le terme est plutôt explicite puisqu'il s'agit du penchant japonais du nom de l'animal. Étymologiquement il viendrait
de « kitsu » qui devait être l'onomatopée du cri du
renard, aujourd'hui tout à fait désuet puisqu'actuellement ce
serait plutôt « kon kon ».
Les kitsune partagent
beaucoup avec leurs cousines chinoises. Elles paraissent malicieuses
et versatiles, il faut dire qu'elles jouent souvent des tours aux
humains, de fait elles auront plutôt mauvaise réputation. Pourtant
elles ne sont pas nécessairement mauvaises, elles sont avant tout
indépendantes et agissent de façon chaotique. Ce qui correspond à
la doctrine shintoïste : tous les esprits et dieux sont à la
fois bons et mauvais.
En vieillissant leur nombre de queue augmente, de la même manière
que leurs pouvoirs, jusqu'à un maximum de neuf queues. On sera alors
en face d'une « Kyubi no Kitsune », une renarde à
neuf queues. Il suffit donc de compter ses queues pour déterminer
l'âge et la puissance d'une kitsune.
On leur confère de nombreuses capacités parmi lesquelles celle de revêtir l'apparence de jeunes femmes, prendre possession de leur corps ou encore générer des incendies.
Elles ne seraient au départ que les messagères d'Inari, la Déesse des céréales du commerce et de la maison. Inari pourrait être une forme condensée de « inanari », la « croissance du riz » en japonais. Et cette céréale étant la base de l'alimentation, il est plutôt logique que le culte ait pu connaître une popularité importante dans la société de l'époque.
On leur confère de nombreuses capacités parmi lesquelles celle de revêtir l'apparence de jeunes femmes, prendre possession de leur corps ou encore générer des incendies.
Elles ne seraient au départ que les messagères d'Inari, la Déesse des céréales du commerce et de la maison. Inari pourrait être une forme condensée de « inanari », la « croissance du riz » en japonais. Et cette céréale étant la base de l'alimentation, il est plutôt logique que le culte ait pu connaître une popularité importante dans la société de l'époque.
De plus n'ayant pas d'autre représentation que celle offerte par ses
messagers, les kitsune, il en découle de nombreuses statues de
renard qui veilleront sur les sanctuaires de la déesse. D'autant plus que les deux finirent par être assimilées.
La véritable nature de la drôlesse en une estampe. |
Pour citer une kitsune connue, je parlerai de Tamamo-no-Mae, dont l'histoire est très célèbre.
Le conte se déroule au milieu du XIIème siècle, dans la Cour de
l'Empereur Konoe. Il parle d'une jeune femme d'une rare beauté, de nom inconnu, qui avait la particularité de sentir naturellement bon et qui ne
salissait ni ne froissait jamais ses habits. Mais surtout, qui malgré sa basse
naissance et son apparent jeune âge, était aussi d'une
érudition sans faille. Aussi parviendrait-elle à entrer dans la
Cour impériale et y être appréciée. Plus encore, elle allait
devenir la favorite du père de l'Empereur, profondément épris
d'elle.
Si son savoir extravagant ne cessait de surprendre la Cour, une
soirée bien particulière alimenterait un peu plus les doutes
de certains à son encontre. En une nuit d'automne, alors qu'il avait
été décidé de combler l'ennui causé par un violent orage en une
séance de poésie, le vent s'engouffra dans la pièce et souffla la
flamme des bougies. Mais dans l'obscurité, une chaude lueur, comme
d'un soleil matinal d'automne, semblait émaner de la jeune femme.
L'effroi gagna l'assemblée, et quelques uns suggérèrent la nature
démoniaque de la dame. Ce que l'ancien Empereur balaya d'un revers
de main, au contraire, cela prouvait bel et bien quel être divin
elle était. Et en ce jour elle serait dorénavant connue comme «
Tamamo-no-Mae », la « demoiselle joyau lumineux
».
Puis un drame survint, les Empereurs, ancien comme nouveau, tombèrent
malades. Les médecins restaient dubitatifs devant leur mal qui ne
faisait que s'aggraver. L'astrologue de la Cour apporterait
finalement une réponse : Tamamo-no-Mae était la source de
leur maladie. Elle était en réalité une kitsune qui avait
pris l'ancien empereur en son contrôle dans l'optique d'un sinistre
complot. Cependant la vérité n'était que trop dure à avaler,
aussi l'astrologue devrait révéler l'évidence aux yeux de ses
maîtres pour les sauver. Il organisa alors une cérémonie en
l'honneur d'un Dieu de l'au-delà qui allait révéler la demoiselle
sous sa véritable nature : celle d'une renarde à neuf queues.
Démasqué, l'esprit dut se résoudre à prendre la fuite. Mais
l'Empereur avait mandé deux grands guerriers à sa poursuite. Si la
kitsune parvint à leur échapper quelques temps, elle eut la
prémonition de sa mort qui approchait. La veille, elle apparut donc
dans les rêves de celui qui serait son meurtrier pour lui demander
grâce. Il lui refusa. Finalement le lendemain, il parvint à
l'abattre d'une flèche...
3°/ « Kumiho »
Vient enfin leur sœur coréenne : la Kumiho / Gumiho. Le terme signifiant « renarde à neuf queues »...
Je le rappelle au préalable, Ahri a été
spécifiquement créée pour le public coréen, à l'occasion de
l'ouverture de leurs propres serveurs de jeu. Et il n'y a pas que le
nom placeholder du champion (« kumiho » donc) qui le
confirme. En plus d'exploiter le mythe de la renarde aux neuf queues,
ils ont cru bon d'ajouter quelques clins d'œil supplémentaires. Sa
danse originale est une chorégraphie d'un groupe de k-pop
extrêmement populaire, les Girl's Generation, le morceau
étant Run Devil Run (paradoxal en ce qui concerne Ahri !).
Dans sa version dynastique Ahri est habillé d'un vêtement
traditionnel, le « hanbok », de plus sa danse a été
remplacée pour correspondre au même folklore et plage temporelle.
Il y a bien de quoi nous prouver qui elle est donc.
Pour en revenir aux kumiho, elles ne sont pas tellement
différentes de leurs sœurs, si ce n'est qu'elles sont
franchement maléfiques là où les autres n'avaient que des « tempéraments changeants ». Ce sont des êtres démoniaques qui se
nourrissent de la vie pour accroître leur longévité. Elles
dévoreraient les entrailles et le cœur de leurs victimes, les
vidant ainsi de leur essence et augmentant leurs pouvoirs.
Une p'tite bouffe entre amies? |
Elles useront de tous les subterfuges pour parvenir à leur fin, et
possèdent comme les autres un don dans la métamorphose. En revanche
il est dit qu'elles ne parviennent pas à créer une copie exacte de
leur victime, leur queue dévoilant souvent leur simulacre. Une
légende dit qu'une kumiho pourrait revêtir l'apparence d'une
jeune mariée et serait même capable de duper la mère de celle-ci.
Mais si elle devait être dévêtue alors la tromperie serait percée
à jour. En tout cas, ce sont des êtres aussi dangereux que cruels, car prompts à la manipulation et enclins à jouer des désirs les
plus primaires des hommes.
Il existe de nombreux contes sur ces esprits maléfiques. J'ai choisi
de vous parler de celui de la Sœur Renarde. Je le trouve intéressant parce qu'assez différent des deux autres chinois et japonais. Il n'est pas question d'une vile séductrice et comploteuse, mais d'une terrible malédiction...
Il s'agit de l'histoire d'un père qui après avoir eu trois fils rêvait ardemment d'une fille. Il pria des mois durant que son souhait soit réalisé. Une nuit de désespoir il hurla aux dieux de lui donner une fille, fut-elle une renarde. Peu de temps après sa femme se révéla enceinte, puis naquit une jolie petite fille. Le père était au comble de la joie...
Il s'agit de l'histoire d'un père qui après avoir eu trois fils rêvait ardemment d'une fille. Il pria des mois durant que son souhait soit réalisé. Une nuit de désespoir il hurla aux dieux de lui donner une fille, fut-elle une renarde. Peu de temps après sa femme se révéla enceinte, puis naquit une jolie petite fille. Le père était au comble de la joie...
Seulement, les six ans de la petite fêtés, il se tramerait
d'étranges choses dans la ferme. Toutes les nuits une vache mourrait
sans que l'on ne dénote rien de la cause de l'évènement. Aussi le
père demanda à son premier fils de veiller sur les animaux le soir
venu.
Le lendemain matin, le jeune homme annonça une sinistre nouvelle à
son père : il a vu la fillette se rendre à l'étable en pleine
nuit. Et à la lumière de la pleine lune, après s'être enduit le
bras d'huile de sésame, elle aurait arraché le foie d'un bovin
avant de s'en repaître. Le père n'en crut mot et supposa qu'il ne
s'agissait là que d'un mauvais rêve, auquel cas son fils lui aurait
désobéi en dormant plutôt qu'accomplir son devoir. Il s'emporta, le renia et le fit quitter la maison.
Le patriarche se tourna ensuite vers son second fils, lui confiant la
même tâche qu'au premier. Pendant presque un mois, les nuit furent
calmes, jusqu'à la pleine lune... Et le matin suivant le fils cadet
rapporta la même histoire que le premier et fut banni de la même
manière par un père fou furieux.
Il ne lui restait plus qu'un fils vers qui se tourner... Cette fois
encore, il faudrait attendre la pleine lune. En revanche, le plus
jeune ayant connaissance du destin de ses frères aînés mentit au
père. Il lui expliqua qu'il avait effectivement vu sa sœur pendant
la nuit, mais qu'elle avait simplement pris de l'eau et était
retournée se coucher. La vache serait morte effrayée par la vision
de la pleine lune... Le père l'en remercia et lui promit l'héritage
de ses terres.
Content de ne pas avoir de petite sœur finalement. |
Entre temps les deux frères plus âgés avaient consulté un grand
sage bouddhiste et décidèrent d'étudier à ses cotés le temps que
leur cœur s'endurcisse. Après un an, ils rentrèrent finalement au
village, avec le cadeau que leur avait offert le moine : trois
bouteilles. Une blanche, une bleue et une rouge. L'homme leur avait
promis qu'avec ils pourraient affronter n'importe quel mal, fut-ce
leur propre sœur, qui, semblerait-il, devait être un démon.
Mais une fois sur place, ils ne virent que la jeune fille. Elle leur
expliqua qu'après la mort des autres membres de la famille, elle
errait maintenant seule dans la maison. Elle leur demanda s'ils
allaient rester pour lui tenir compagnie, et malgré un premier refus, parvint à les
convaincre, la nuit étant tombée.
Elle leur servit un repas très riche, accompagné de vin.
Suspicieux, ils ne manquèrent pas de s'interroger sur la provenance
de celui-ci, et s'accordèrent sur la nécessité de la guetter toute
la nuit. Toutefois une année de pauvreté les avait grandement
affaibli, il ne purent résister au sommeil qui les tiraillait.
L'aîné fut cependant réveillé par un bruit de mâchement, pensa
d'abord que son frère terminait son repas, machinalement il jeta
donc un œil au sien. Et ce qu'il y vit lui souleva le cœur
d'horreur et de dégoût. Ce qu'il avait pris pour du vin était du
sang et son repas, des restes humains. Alors qu'il réalisait
seulement ce qu'il avait fait, il vit d'où provenait ce bruit si
particulier. Sa sœur se tenait sur le corps du frère cadet,
dévorant son foie sanguinolent avec avidité. Puis elle se tourna
vers lui et le gratifiant d'un franc sourire, quoiqu'écœurant, lui annonça qu'il ne lui en fallait plus qu'un pour devenir
humaine. Sur quoi le jeune homme prit la fuite.
Pendant que le démon le pourchassait, il se remémora les paroles du
vieux sage. Il prit la bouteille blanche et la lança derrière lui,
en se brisant elle créa une véritable barrière de ronces stoppant
la course de la sœur. Elle dut alors dévoiler sa véritable nature,
celle d'une démone-renarde et passa alors aisément à travers. Il
lança cette fois la bouteille bleue, piégeant sa poursuivante dans
un lac. Mais une nouvelle fois sa forme de renard lui permit de franchir l'obstacle. Il se saisit finalement de la rouge et la fit éclater
sur le démon déclenchant un éclat lumineux. Une gigantesque boule
de feu l'immergea, ses cris percèrent la nuit alors qu'il brûlait. Bientôt il n'en resterait que des cendres... Des cendres et un
petit insecte qui en émergea.
La légende dit que c'est ainsi que naquit le premier moustique. Et
que c'est pour cette raison que moustiques comme renards craignent
les flammes.
Maintenant que vous connaissez un peu mieux les légendes de la femme renarde, il est plus évident de noter les ressemblances avec Ahri.
Tirée de la fable de la renarde bubble-gum? |
Maintenant que vous connaissez un peu mieux les légendes de la femme renarde, il est plus évident de noter les ressemblances avec Ahri.
Bon. La représentation graphique coule de source déjà, j'ai aussi
déjà mentionné qu'elle avait été longtemps nommée « Kumiho
» par les développeurs avant de recevoir son prénom définitif,
mais ça ne s'arrête pas là.
Son histoire nous apprend qu'elle était une renarde avec un certain
potentiel magique. Ce dernier se révéla alors qu'elle absorberait
sa première essence, celle d'un magicien, la changeant
irrémédiablement en une entité mystique de grand pouvoir. Elle
passa ensuite le plus clair de son temps à accroître celui-ci, en
séduisant et aspirant l'essence vitale des hommes frivoles.
Elle entre ainsi parfaitement dans le mythe...
Ce qui est encore confirmé par son comportement et ses capacités.
Ce qui est encore confirmé par son comportement et ses capacités.
Des répliques comme « Ne me vous faites pas confiance? », «
Ils ne me sont plus utiles désormais » ou « Je peux
faire battre votre cœur... Ou l'arrêter. », sont assez
révélatrices sur son tempérament.
Quant à ses pouvoirs, celui de séduction est commun chez les
femmes-renardes, tandis que celui de faire appel aux flammes
(Lucioles « Fox-Fire » en anglais, Assaut
Spirituel) pourrait être une référence aux kitsune qui
sont connues pour provoquer des incendies. Au passage, il est possible qu'il y ait un lien avec le skin « firefox » aussi (en plus du navigateur).
Bref, bien des choses qui viennent confirmer le lien de parenté
d'Ahri...
Et cherchèrent à dominer le monde !
Oui parce qu'Ahri est loin d'être la seule
femme-renarde rentrée dans la culture populaire. Il y a de nombreux
exemples!
On pourrait mentionner les pokemons ou Tails l'ami de Sonic, mais je
ne vais vous parler que de deux d'entre eux. Le premier parce qu'il
provient d'un jeu que j'ai beaucoup aimé, le second... Et bien parce
qu'il est difficile de passer à coté, et (surtout) car il
est fortement probable qu'il ait été une autre source
d'inspiration pour notre championne.
Je commencerai donc avec Okami.
Et pour le coup, je vais être obligé de spoiler à mort.
Donc si vous n'avez pas fait le jeu et que vous pourriez avoir
l'envie de le faire – Ce que je vous conseille vigoureusement,
d'autant plus qu'il est récemment sorti en HD et disponible sur le
PSN pour une bouchée de pain –, alors passez le gros de ce qui va
suivre.
SPOILERS
Okami nous permet d'incarner la déesse du disque-solaire
Amaterasu sous sa
forme de louve, qui est accompagnée par Issun. Une sorte
de puce calligraphe ne comptant pas la lâcher avant d'obtenir
toutes les techniques du pinceau céleste. Le jeu est découpé en
trois arcs, où l'on affronte à chaque fois un yokai
(démon-monstre japonais) particulièrement puissant.
Et c'est dans le second arc qu'intervient une kitsune du nom
de Kyubi (Kyubi no kitsune / renarde à neuf queues
pour rappel) particulièrement retorse.
Elle commence par empoisonner l'Empereur de la Cité. Atteint d'une
étrange maladie, il est resté alité depuis des jours et répand une étrange brume
nauséabonde qui se propage dans toute la ville.
Elle ourdit par la suite un sombre plan dans le but de récupérer
l'arme qu'elle a perdu : L'appeau à renard. L'esprit s'empare du
corps de la grande prêtresse Tsuzorao,
affectueusement surnommée « Gros
nénés » par Issun,
pour des raisons évidentes, puis utilise Amaterasu
qui pensait œuvrer pour l'impératrice, de manière à récupérer
l'appeau et donc sa pleine puissance. La louve et la puce trouveront l'objet dans la gueule d'un dragon des mers, grand protecteur de la région et le confieront à la grande prêtresse.
Mais avant que les deux protagonistes ne
s'aperçoivent de leur méprise, elle tuerait Himiko,
l'impératrice, et avec elle le seul risque de voir ses plans
déjoués. Amaterasu serait alors contrainte de poursuivre Kyubi jusqu'à son repaire, l'île Oni. Et parviendrait finalement à se défaire du démon, libérant la contrée de son joug maléfique.
Quel plaisir de combattre une sœur d'Ahri, Merci Okami ! |
Enfin, je me vois contraint à de
parler de Naruto...
Non franchement je voulais l'éviter, je suis loin d'être un grand
fan de la licence. Elle incarne plus ou moins tout ce que je n'aime
pas dans les shonen.
Mais voilà, il manquerait une partie importante sur le character
design d'Ahri
si je passais à coté. Oui parce que certains n'auront pas manqué
de le mentionner, les deux personnages partagent certaines
similitudes.
Mais avant cela, expliquons en
quoi la série de manga / animé reprend le thème de la kitsune.
Non ce n'est certainement pas badass, pas du tout ! |
Je ne vais pas rentrer dans les
détails de l'histoire. D'abord parce que je n'en connais pas grand
chose et aussi parce que je doute un peu de son intérêt, et c'est
mon coté hater qui parle.
Bref, ce qu'il faut savoir c'est
que Naruto est
l'hôte d'un puissant démon : Kyubi
(oui encore), le renard aux neuf queues. Il paraît surtout cruel et
destructeur là où les femmes-renardes sont plus subtiles.
Ce sera plutôt le comportement de
Naruto qui se
rapprochera (un peu) de celui des kitsune.
Effectivement, il se montrera facétieux, autant envers ses amis que
ses adversaires. Il aime jouer des tours, aussi utilise-t-il des
techniques de manipulation, la métamorphose, ou des plaisanteries
plus potaches comme des choses apparentées à un toucher rectal,
mais aussi, plus intéressant, une capacité de séduction. Le
ninja s'amuse à
utiliser le « sexy-meta
» qui le transforme en une superbe jeune fille, nue ou en maillot
de bain de manière à déconcentrer ses adversaires masculins.
Par contre si les kitsune
paraissent souvent tel que fines manipulatrices, Naruto
restera plutôt simple, voire pas bien malin. Il n'a pas récupéré
ce trait de caractère de Kyubi,
dit particulièrement fourbe.
Ouh la vilaine copieuse-euh ! |
Ce qu'il faut ajouter maintenant,
ce sont les ressemblances entre lui et Ahri.
Plutôt d'un point de vue graphique d'ailleurs. La chose franchement
marquante, le truc qui saute aux yeux, ce sont les marques que tout
deux ont sur le visages. Elles forment des « moustaches
» sur les joues. Dans le cas de Ahri, elles trahissent immédiatement
son origine (en plus de ses oreilles).
Ils partagent aussi leur «
pouvoir-signature
», cette capacité à créer un orbe dans le creux de leur main. Il
s'agit de l' « Orbe
Tourbillonnant » chez
Naruto. Et si
ça peut paraître un peu anecdotique comme ça, que cette capacité
ait été spécifiquement choisie par les développeurs pour
caractériser Ahri
(elle paraît directement sur les splashs et est toujours visible sur
le modèle graphique), n'est sans doute pas une pure coïncidence.
Il en découlera toujours la
question de savoir de quoi Ahri
a été inspirée en premier lieu.
Voulaient-ils créer une « Naruto
» devant le succès planétaire du personnage, ou avaient-ils été intrigués par les mythes autour de la femme-renarde et y avaient
ensuite greffé diverses allusions?
Comme je l'ai déjà dit à
plusieurs reprises, la question n'a pas grand intérêt en vérité.
Aujourd'hui rien ne découle du néant, tout n'est qu'inspiration
d'ici et là. Les champions créés n'en sont pas pour autant
mauvais, et machin n'est pas nécessairement mieux que truc.
A vous de déterminer d'où vient
Ahri, ou
pas... Quelle importance après tout? De toute façon détestez-la
comme il se doit, voilà tout !
Le gros des images vient une nouvelle fois de DeviantArt, je remercie les artistes.
Voici leur page, par ordre d'apparition dans le billet :
http://thelittlefirefly.deviantart.com/; http://el-seluvia.deviantart.com/
http://swedishbattery.deviantart.com/; http://meefoong.deviantart.com/
http://kheleksul.deviantart.com/ et http://ningyee7.deviantart.com/
Le gros des images vient une nouvelle fois de DeviantArt, je remercie les artistes.
Voici leur page, par ordre d'apparition dans le billet :
http://thelittlefirefly.deviantart.com/; http://el-seluvia.deviantart.com/
http://swedishbattery.deviantart.com/; http://meefoong.deviantart.com/
http://kheleksul.deviantart.com/ et http://ningyee7.deviantart.com/
C'était très plaisant à lire, merci.
RépondreSupprimerMerci beaucoup ! :)
RépondreSupprimerBravo, très beau travail. Je lirais avec attention tes prochains travaux.
RépondreSupprimerBon courage !
Génial ! Merci beaucoup Aerynn, c'était vraiment intéressant, je connaissais déjà la moitié des 'facts' sur les mythes orientaux et j'ai dévoré l'autre moitié !
RépondreSupprimerVraiment merci d'avoir fait une note sur elle, j'ai adoré :)
Merci pour vous encouragements, ça fait plaisir ! ;)
RépondreSupprimerVraiment super intéressant !
RépondreSupprimerJ'ai passé un super moment à le lire merci =)