lundi 11 février 2013

Character Design : Gangplank et Fortune


Je n'ai pas trouvé de référence flagrante à un personnage célèbre de la piraterie dans ces deux champions. Ils sont plutôt une sorte d'agglomérat de nombreux clichés sur la piraterie, et surtout populaire d'ailleurs !
J'invite d'ailleurs les éventuels intéressés à lire la superbe « Histoire générale des plus fameux Pyrates » (oui avec un y) du Capitaine Johnson.

Plus vieux à avoir rejoint la League, Gangplank est celui qui cumule le plus de stéréotypes.
D'abord et pour ceux à qui ça aurait échappé, le mot « gangplank » est une appellation anglaise pour le terme désignant la passerelle d'embarquement, ou la fameuse « planche ». Il est tout à fait récurrent dans l'imaginaire collectif que les pirates fassent endurer le dit « supplice de la planche ». Historiquement c'est bien moins sûr. Mais toujours est-il que son nom y fait certainement référence.

Pour continuer sur la culture populaire, on a bien sûr la façon toute particulière qu'auraient les pirates de parler. On connait tous le « Yarrrr ! » popularisé par le cinéma. Outre ses lignes de texte personnel, on le retrouve dans le tool-tip de buff : « Yarrr, I'm a mighty pirate ! », et dans le Parrrley, avec trois R donc.

Celui-ci d'ailleurs fait l'objet d'une plaisanterie récurrente dans Pirate des Caraïbes. Le fameux « Pour-parler » rendu disponible grâce au Code de la Piraterie qui aurait été en partie écrit par Bartholomew Roberts, pirate célèbre du XVII-XVIII siècle.

Le « raise moral » fait référence à la propension qu'auraient eu certains Capitaines à abattre des matelots n'y mettant que trop peu de cœur à l'ouvrage... Ou de potentiels mutins !
Juste pour montrer l'éventualité d'une petite baisse de tension.

Quant au scorbut, c'était véritablement une maladie ancrée dans l'histoire de la conquête maritime et qui faisait de véritables ravages. Il est dû à une malnutrition sévère et plus précisément un déficit en vitamine C. Il n'est pas difficile à imaginer que pendant les mois en mer, les matelots ne se nourrissaient pas de façon équilibrée. Et assez logiquement on peut contrer la maladie en emportant une cargaison d'aliments riches en vitamines C, typiquement des agrumes !
Gangplank parle d'oranges, mais il s'agissait beaucoup de citrons.

Il ne faut pas oublier non plus le fameux : « Yohoho ! Et une bouteille de Rhum ! » qui vient directement de la non moins fameuse « Île au Trésor » de Sir Robert Louis Stevenson.



Enfin et c'est bien entendu évident, Gangplank fait beaucoup penser à Barbe noire d'un point de vue physique et vestimentaire. La barbe noire contrasté d'un long manteau rouge, les pistolets à la ceinture et le tricorne affiché fièrement.
C'est le parfait pirate ! Il correspond en tout point à l'imaginaire populaire et c'est le but sans l'ombre d'un doute.


On a donc ensuite Sarah Fortune.
Est d'abord intéressant le nom qui lui a été choisi : « Miss Fortune ». Il sonne comme « misfortune » en anglais, ce qui signifie littéralement « mauvaise chance ». Il n'est sans doute pas nécessaire de rappeler à quel point les marins pouvaient être superstitieux, il y a de très nombreuses légendes et dictons sur ce qu'il ne faut pas amener à bord. L'un d'eux concerne les femmes, elles porteraient malheur. Il est donc assez juste de penser que ce « Miss Fortune » seraient un sobriquet que lui auraient donné les moussaillons. L'histoire ne dit pas s'il lui plait ou non, mais on peut supposer que non.
Mais ce qui est amusant c'est aussi son double-sens en français. Une « Fortune » prend un sens tout différent dans le vocabulaire marin puisqu'il n'est plus question de chance, mais de naufrage. Une « Fortune de Mer » désigne un événement quelconque ayant pour effet une avarie majeure sur un vaisseau.
On retrouve donc cette idée de « mauvaise chance » du surnom de Sarah.



Cependant il faut savoir qu'il y a pourtant bien eu des femmes pirates dans l'histoire.
On peut parler de celle des célèbres Mary Read et Ann Bonny, peut être Sarah se reconnaîtrait un peu en elles. Je ne vais pas revenir sur leur vie, et si vous voulez la connaître, vous la trouvez dans l'ouvrage que je vous ai conseillé.
Mais ce qui est intéressant c'est qu'elles aient du se déguiser en homme pendant leur aventure de pirate. Il ne seraient venu à l'esprit d'aucun matelot que ces vaillants « jeunes hommes » puissent être des femmes tant elles se battaient avec la vigueur d'un lion.
D'ailleurs toutes deux avaient un caractère de garçon manqué, l'un avait rejoint l'armée tandis qu'on prêtait à l'autre toute sorte de cruauté.

Je doute qu'un membre de l'équipage de Sarah Fortune viendrait discuter son commandement. Et je suis certain qu'elle aurait apprécié la bravoure de ces deux femmes qui se sont battues jusqu'à la fin.
Car en bonnes pirates, elles n'ont pas bien fini.



Article écrit en 2012.

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