dimanche 3 mars 2013

Ahri et la symbolique du renard


Salut, salut,

Nouveau billet...
Et cette fois il sera question de faire tomber les masques !

Elle a de très nombreux adeptes, séduits, endoctrinés ou les deux, sous son joug ; ils sont incapables de se soustraire à sa beauté. Car ne vous y trompez pas, elle est tout aussi tentatrice que prédatrice. Je vous parle de...

Ahri, la renarde aux neuf queues !

« Ne me faites-vous pas confiance? »

Il sera principalement question ici des mythes du monde ayant pour objet le renard, et principalement ceux venant du lointain orient, dont Ahri est directement issue.
Parce qu'un peu à la manière de Wukong, tout droit sorti du Voyage en Occident, Ahri est une retranscription des contes et légendes dans l'univers de la League.




Rusées comme des renardes,

En vérité, il s'agit d'une expression assez représentative de la conception populaire de ce qui définit un renard. Mais ce qui est particulièrement notable, c'est qu'elle est commune à des folklores qui ne sont pourtant en rien semblables. Ainsi donc occidentaux et asiatiques s'accordent à qualifier le renard comme un animal rusé, sournois et manipulateur. On le voit volontiers enclin à la flatterie et au mensonge pour parvenir à ses objectifs quels qu'ils puissent être, et souvent consistant à je-ne-sais quel jeu simplement malicieux, ou même tout à fait pervers...


« Messire Renart pour vous servir. »
(Ou pas...?)
Il est d'ailleurs plutôt révélateur qu'en français le terme même de « renard » puisse avoir pour origine le nom du personnage principal d'un pan de notre culture : Le Roman de Renart. Oui parce qu'il faut le savoir, le « renard » était nommé « goupil » auparavant. En réalité le mot est un dérivé du nom « Renart » (avec un t donc), lui même venant de l'allemand.

Le Roman de Renart, pour ceux qui auraient séché le collège, est un recueil d'histoires écrites en vers et par de multiples auteurs le plus souvent anonymes, retraçant les péripéties vécues par Renart. Elles n'ont pas nécessairement de liens entre elles, mais font intervenir des personnages récurrents.
Comme bonne image, on pourrait maintenant parler des séries télévisées. Pour certaines d'entre elles, on peut tout à fait regarder indépendamment chaque épisode sans avoir de problème de compréhension.

Le schéma habituel d'un récit consiste à opposer Renart, personnage rusé, malicieux et à la moralité douteuse, à Ysengrin, le loup (qui est aussi son oncle), incarnant la force... et la bêtise. Le premier se jouera sans cesse de l'autre, se moquant de lui de multiples façons, rarement très sympathiques, et le « cocufiera » même en partageant la couche de Hersent, la louve.
Une histoire particulièrement connue comme ça, celle de la Pêche d'Ysengrin
On est aux portes de l'hiver et le loup souhaite faire quelques provisions, aussi part-il pêcher dans le lac le plus proche. Seulement voilà, une fois sur place il se rend compte que sa surface est gelée. Il s'assoit, dépité. Que va-t-il donc pourvoir faire? A ce moment apparaît Renart, qui sans idée aucune, va lui porter conseil. Il lui montre que la glace a été brisée par endroit, et lui suggère d'en profiter, il pourrait attacher un sceau à sa queue pour y piéger du poisson. Mais le goupil le prévient : il ne devra pas bouger, sans quoi le poisson prendra peur et s'enfuira. Bien évidemment le pauvre Ysengrin marche et se retrouve bloqué par la glace...


« Vous êtes la Nidalee des 
hôtes de ces bois. »
Autre auteur très apprécié des professeurs de français, La Fontaine s'est inspiré de certains de ces récits pour concevoir ses fables.
Il y dépeint un renard au comble de la ruse et de la sournoiserie à nouveau, jouant de tours que n'auraient pas renié l'autre goupil. A moins, une fois encore, que ç'eût été les siens justement.
La principale différence cependant étant qu'il n'en sort pas toujours victorieux. Il apparaît parfois trop orgueilleux, ce qui se retourne contre lui.

Ainsi dans Le Corbeau et le Renard, ce dernier parvient par la plus hypocrite des flatteries à se jouer du volatile, chapardant par la suite son fromage. Dans Le renard et le Bouc, sans doute moins connu, les deux compères descendent s'abreuver dans un puits, mais ne peuvent remonter. Le renard suggère au bouc de lui faire la courte échelle, après quoi le goupil lui rendrait la pareille le faisant à son tour sortir de ce guêpier. Toutefois au moment de tenir sa promesse, il préféra laisser croupir le bovidé au fond du puits.
En revanche, Le Renard et la Cigogne, nous offre un sournois renard pris à son propre jeu. Il invita tout d'abord la Cigogne à dîner, et présenta le repas dans une assiette. Bien sûr l'oiseau était bien mal équipé pour attaquer sa pitance, son embarras amusa certainement le canidé. Mais il ne s'attendait pas à être trompé à son tour lors de son invitation-retour chez la Cigogne. Il se trouvera tout aussi penaud face à un long vase que la Cigogne à son assiette.


Bref, si cette conception du renard est ancrée dans notre culture occidentale, ce qui est plus intéressant reste le rapport qu'ont les asiatiques à l'animal. Car comme signalé Ahri est directement issue de contes populaires coréens.
Alors les terres du soleil partagent-elles ce-dit rapport avec nous autres occidentaux?




Elles vinrent de l'orient,

Pour sûr la renarde aime
jouer d'instruments...
Avant toute chose, il faut savoir que si la Chine, le Japon et la Corée, partagent un mythe commun, ils ont des versions légèrement différentes de ce qu'est la femme-renarde comme on l'appellerait en France.
En Chine, il s'agit de la « Huli Jing », au Japon de la « Kitsune » et en Corée de la « Kumiho ».
Et puisqu'on parle de noms, sachez que pendant longtemps le nom de code du projet qui allait devenir Ahri était « Kumiho ». De ce coté on est clair donc.
Son nom définitif ayant était ensuite choisi par vote et parmi une liste proposée par Riot Games de mots / prénoms coréen. Le gagnant étant donc « Ari » (sans h) qui peut signifier dire « grâce », « élégance », « charme » en coréen...

Bon, pour en revenir à la femme-renarde, il semblerait que le mythe originel vienne de Chine, et peut être même d'Inde en premier lieu, mais... Je n'ai pas grand chose à dire sur ce dernier pays. Il me semble donc tout naturel de commencer avec la « Huli Jing » chinoise.


1°/ « Huli Jing »

Étymologiquement « Huli » signifie renard et « Jing » esprit. Plusieurs choses à partir de là. Déjà, en Chine, l'animal est traditionnellement lié à la sexualité et au tabou. Les temples qui lui ont été érigés servaient aux femmes souhaitant charmer et séduire des hommes.
Ensuite, le renard est souvent utilisé pour désigner le « barbare », « l'étranger ». Il n'est pas illogique qu'il soit associé à un esprit n'ayant pas grand chose d'humain.
Enfin, dans un langage familier, le terme « Huli Jing » sert aussi à désigner les femmes de petite vertu et les prostituées.

S'ils sont fortement connotés par principe, ces esprits peuvent tout aussi être bons que mauvais. Dans tous les cas, ils sont crains par la population pour leurs capacités de manipulation et leur propension à la métamorphose et à hanter certains lieux.
Il est ainsi conté par Guo Pu, célèbre pour recenser les fables et superstitions de son époque, qu'un renard atteignant cinquante ans serait capable de prendre l'apparence d'une femme et que centenaire il pourrait devenir une femme magnifique, un homme aux grands pouvoirs de séduction et aurait des capacités de sorcellerie. Leur espérance de vie pourrait s'étendre à huit cents ans, mille ans et ils pourraient même devenir immortels.

Parmi les Huli Jing les plus connues, on retrouve Daji, dont l'histoire romancée est contée dans L'Investiture des Dieux, ouvrage du XVIème - XVIIème siècle.
Il y est décrit la fin du règne de Zhou Wang, dernier Empereur de la famille des Shang. Et s'il était renommé pour son héroïsme et son éloquence, il l'était aussi pour son goût des femmes... Ce qui le perdra. Il visita ainsi un temple dédié à la déesse Nuwa et resta en admiration devant une de ses représentions. Au point même qu'il lui fit des allusions suggestives, allant jusqu'à la profaner en y inscrivant un poème érotique. Courroucée par tant d'audace, la déesse requit l'aide d'un esprit renard et lui promit l'immortalité s'il parvenait à mettre un terme au règne l'Empereur.
Il se trouve qu'au même moment une sublime jeune femme, que le bougre avait prit en trophée après la conquête d'une province, arrivait au palais. Le renard corrompit l'esprit de la dénommée Daji et posséda son corps. Dès lors elle entraverait l'Empereur dans son désir de luxure et lui ferait oublier toutes ses autres prérogatives. C'est ainsi que les rebelles le renversèrent... Sans toutefois que l'esprit n'obtienne son dû, car il fut exorcisé du corps de la pauvrette.



2°/ « Kitsune »

Traversons la mer et partons pour le pays du soleil levant...
Au japon on parle de « Kitsune » pour désigner ces esprits de renard. Le terme est plutôt explicite puisqu'il s'agit du penchant japonais du nom de l'animal. Étymologiquement il viendrait de « kitsu » qui devait être l'onomatopée du cri du renard, aujourd'hui tout à fait désuet puisqu'actuellement ce serait plutôt « kon kon ».

Les kitsune partagent beaucoup avec leurs cousines chinoises. Elles paraissent malicieuses et versatiles, il faut dire qu'elles jouent souvent des tours aux humains, de fait elles auront plutôt mauvaise réputation. Pourtant elles ne sont pas nécessairement mauvaises, elles sont avant tout indépendantes et agissent de façon chaotique. Ce qui correspond à la doctrine shintoïste : tous les esprits et dieux sont à la fois bons et mauvais.
En vieillissant leur nombre de queue augmente, de la même manière que leurs pouvoirs, jusqu'à un maximum de neuf queues. On sera alors en face d'une « Kyubi no Kitsune », une renarde à neuf queues. Il suffit donc de compter ses queues pour déterminer l'âge et la puissance d'une kitsune.
On leur confère de nombreuses capacités parmi lesquelles celle de revêtir l'apparence de jeunes femmes, prendre possession de leur corps ou encore générer des incendies.

Elles ne seraient au départ que les messagères d'Inari, la Déesse des céréales du commerce et de la maison. Inari pourrait être une forme condensée de « inanari », la « croissance du riz » en japonais. Et cette céréale étant la base de l'alimentation, il est plutôt logique que le culte ait pu connaître une popularité importante dans la société de l'époque.
De plus n'ayant pas d'autre représentation que celle offerte par ses messagers, les kitsune, il en découle de nombreuses statues de renard qui veilleront sur les sanctuaires de la déesse. D'autant plus que les deux finirent par être assimilées.

La véritable nature de la drôlesse en une estampe.

Pour citer une kitsune connue, je parlerai de Tamamo-no-Mae, dont l'histoire est très célèbre.
Le conte se déroule au milieu du XIIème siècle, dans la Cour de l'Empereur Konoe. Il parle d'une jeune femme d'une rare beauté, de nom inconnu, qui avait la particularité de sentir naturellement bon et qui ne salissait ni ne froissait jamais ses habits. Mais surtout, qui malgré sa basse naissance et son apparent jeune âge, était aussi d'une érudition sans faille. Aussi parviendrait-elle à entrer dans la Cour impériale et y être appréciée. Plus encore, elle allait devenir la favorite du père de l'Empereur, profondément épris d'elle.
Si son savoir extravagant ne cessait de surprendre la Cour, une soirée bien particulière alimenterait un peu plus les doutes de certains à son encontre. En une nuit d'automne, alors qu'il avait été décidé de combler l'ennui causé par un violent orage en une séance de poésie, le vent s'engouffra dans la pièce et souffla la flamme des bougies. Mais dans l'obscurité, une chaude lueur, comme d'un soleil matinal d'automne, semblait émaner de la jeune femme. L'effroi gagna l'assemblée, et quelques uns suggérèrent la nature démoniaque de la dame. Ce que l'ancien Empereur balaya d'un revers de main, au contraire, cela prouvait bel et bien quel être divin elle était. Et en ce jour elle serait dorénavant connue comme « Tamamo-no-Mae », la « demoiselle joyau lumineux ».
Puis un drame survint, les Empereurs, ancien comme nouveau, tombèrent malades. Les médecins restaient dubitatifs devant leur mal qui ne faisait que s'aggraver. L'astrologue de la Cour apporterait finalement une réponse : Tamamo-no-Mae était la source de leur maladie. Elle était en réalité une kitsune qui avait pris l'ancien empereur en son contrôle dans l'optique d'un sinistre complot. Cependant la vérité n'était que trop dure à avaler, aussi l'astrologue devrait révéler l'évidence aux yeux de ses maîtres pour les sauver. Il organisa alors une cérémonie en l'honneur d'un Dieu de l'au-delà qui allait révéler la demoiselle sous sa véritable nature : celle d'une renarde à neuf queues.
Démasqué, l'esprit dut se résoudre à prendre la fuite. Mais l'Empereur avait mandé deux grands guerriers à sa poursuite. Si la kitsune parvint à leur échapper quelques temps, elle eut la prémonition de sa mort qui approchait. La veille, elle apparut donc dans les rêves de celui qui serait son meurtrier pour lui demander grâce. Il lui refusa. Finalement le lendemain, il parvint à l'abattre d'une flèche...



3°/ « Kumiho »

Vient enfin leur sœur coréenne : la Kumiho / Gumiho. Le terme signifiant « renarde à neuf queues »...
Je le rappelle au préalable, Ahri a été spécifiquement créée pour le public coréen, à l'occasion de l'ouverture de leurs propres serveurs de jeu. Et il n'y a pas que le nom placeholder du champion (« kumiho » donc) qui le confirme. En plus d'exploiter le mythe de la renarde aux neuf queues, ils ont cru bon d'ajouter quelques clins d'œil supplémentaires. Sa danse originale est une chorégraphie d'un groupe de k-pop extrêmement populaire, les Girl's Generation, le morceau étant Run Devil Run (paradoxal en ce qui concerne Ahri !). Dans sa version dynastique Ahri est habillé d'un vêtement traditionnel, le « hanbok », de plus sa danse a été remplacée pour correspondre au même folklore et plage temporelle.
Il y a bien de quoi nous prouver qui elle est donc.

Une p'tite bouffe entre amies?
Pour en revenir aux kumiho, elles ne sont pas tellement différentes de leurs sœurs, si ce n'est qu'elles sont franchement maléfiques là où les autres n'avaient que des « tempéraments changeants ». Ce sont des êtres démoniaques qui se nourrissent de la vie pour accroître leur longévité. Elles dévoreraient les entrailles et le cœur de leurs victimes, les vidant ainsi de leur essence et augmentant leurs pouvoirs.
Elles useront de tous les subterfuges pour parvenir à leur fin, et possèdent comme les autres un don dans la métamorphose. En revanche il est dit qu'elles ne parviennent pas à créer une copie exacte de leur victime, leur queue dévoilant souvent leur simulacre. Une légende dit qu'une kumiho pourrait revêtir l'apparence d'une jeune mariée et serait même capable de duper la mère de celle-ci. Mais si elle devait être dévêtue alors la tromperie serait percée à jour. En tout cas, ce sont des êtres aussi dangereux que cruels, car prompts à la manipulation et enclins à jouer des désirs les plus primaires des hommes.

Il existe de nombreux contes sur ces esprits maléfiques. J'ai choisi de vous parler de celui de la Sœur Renarde. Je le trouve intéressant parce qu'assez différent des deux autres chinois et japonais. Il n'est pas question d'une vile séductrice et comploteuse, mais d'une terrible malédiction...

Il s'agit de l'histoire d'un père qui après avoir eu trois fils rêvait ardemment d'une fille. Il pria des mois durant que son souhait soit réalisé. Une nuit de désespoir il hurla aux dieux de lui donner une fille, fut-elle une renarde. Peu de temps après sa femme se révéla enceinte, puis naquit une jolie petite fille. Le père était au comble de la joie...
Seulement, les six ans de la petite fêtés, il se tramerait d'étranges choses dans la ferme. Toutes les nuits une vache mourrait sans que l'on ne dénote rien de la cause de l'évènement. Aussi le père demanda à son premier fils de veiller sur les animaux le soir venu.
Le lendemain matin, le jeune homme annonça une sinistre nouvelle à son père : il a vu la fillette se rendre à l'étable en pleine nuit. Et à la lumière de la pleine lune, après s'être enduit le bras d'huile de sésame, elle aurait arraché le foie d'un bovin avant de s'en repaître. Le père n'en crut mot et supposa qu'il ne s'agissait là que d'un mauvais rêve, auquel cas son fils lui aurait désobéi en dormant plutôt qu'accomplir son devoir. Il s'emporta, le renia et le fit quitter la maison.
Le patriarche se tourna ensuite vers son second fils, lui confiant la même tâche qu'au premier. Pendant presque un mois, les nuit furent calmes, jusqu'à la pleine lune... Et le matin suivant le fils cadet rapporta la même histoire que le premier et fut banni de la même manière par un père fou furieux.
Il ne lui restait plus qu'un fils vers qui se tourner... Cette fois encore, il faudrait attendre la pleine lune. En revanche, le plus jeune ayant connaissance du destin de ses frères aînés  mentit au père. Il lui expliqua qu'il avait effectivement vu sa sœur pendant la nuit, mais qu'elle avait simplement pris de l'eau et était retournée se coucher. La vache serait morte effrayée par la vision de la pleine lune... Le père l'en remercia et lui promit l'héritage de ses terres.
Content de ne pas avoir de
petite sœur finalement.
Entre temps les deux frères plus âgés avaient consulté un grand sage bouddhiste et décidèrent d'étudier à ses cotés le temps que leur cœur s'endurcisse. Après un an, ils rentrèrent finalement au village, avec le cadeau que leur avait offert le moine : trois bouteilles. Une blanche, une bleue et une rouge. L'homme leur avait promis qu'avec ils pourraient affronter n'importe quel mal, fut-ce leur propre sœur, qui, semblerait-il, devait être un démon.
Mais une fois sur place, ils ne virent que la jeune fille. Elle leur expliqua qu'après la mort des autres membres de la famille, elle errait maintenant seule dans la maison. Elle leur demanda s'ils allaient rester pour lui tenir compagnie, et malgré un premier refus, parvint à les convaincre, la nuit étant tombée.
Elle leur servit un repas très riche, accompagné de vin. Suspicieux, ils ne manquèrent pas de s'interroger sur la provenance de celui-ci, et s'accordèrent sur la nécessité de la guetter toute la nuit. Toutefois une année de pauvreté les avait grandement affaibli, il ne purent résister au sommeil qui les tiraillait.
L'aîné fut cependant réveillé par un bruit de mâchement, pensa d'abord que son frère terminait son repas, machinalement il jeta donc un œil au sien. Et ce qu'il y vit lui souleva le cœur d'horreur et de dégoût. Ce qu'il avait pris pour du vin était du sang et son repas, des restes humains. Alors qu'il réalisait seulement ce qu'il avait fait, il vit d'où provenait ce bruit si particulier. Sa sœur se tenait sur le corps du frère cadet, dévorant son foie sanguinolent avec avidité. Puis elle se tourna vers lui et le gratifiant d'un franc sourire, quoiqu'écœurant, lui annonça qu'il ne lui en fallait plus qu'un pour devenir humaine. Sur quoi le jeune homme prit la fuite.
Pendant que le démon le pourchassait, il se remémora les paroles du vieux sage. Il prit la bouteille blanche et la lança derrière lui, en se brisant elle créa une véritable barrière de ronces stoppant la course de la sœur. Elle dut alors dévoiler sa véritable nature, celle d'une démone-renarde et passa alors aisément à travers. Il lança cette fois la bouteille bleue, piégeant sa poursuivante dans un lac. Mais une nouvelle fois sa forme de renard lui permit de franchir l'obstacle. Il se saisit finalement de la rouge et la fit éclater sur le démon déclenchant un éclat lumineux. Une gigantesque boule de feu l'immergea, ses cris percèrent la nuit alors qu'il brûlait. Bientôt il n'en resterait que des cendres... Des cendres et un petit insecte qui en émergea.
La légende dit que c'est ainsi que naquit le premier moustique. Et que c'est pour cette raison que moustiques comme renards craignent les flammes.

Tirée de la fable de la renarde bubble-gum?

Maintenant que vous connaissez un peu mieux les légendes de la femme renarde, il est plus évident de noter les ressemblances avec Ahri.
Bon. La représentation graphique coule de source déjà, j'ai aussi déjà mentionné qu'elle avait été longtemps nommée « Kumiho » par les développeurs avant de recevoir son prénom définitif, mais ça ne s'arrête pas là.
Son histoire nous apprend qu'elle était une renarde avec un certain potentiel magique. Ce dernier se révéla alors qu'elle absorberait sa première essence, celle d'un magicien, la changeant irrémédiablement en une entité mystique de grand pouvoir. Elle passa ensuite le plus clair de son temps à accroître celui-ci, en séduisant et aspirant l'essence vitale des hommes frivoles.
Elle entre ainsi parfaitement dans le mythe...
Ce qui est encore confirmé par son comportement et ses capacités.
Des répliques comme « Ne me vous faites pas confiance? », « Ils ne me sont plus utiles désormais » ou « Je peux faire battre votre cœur... Ou l'arrêter. », sont assez révélatrices sur son tempérament.
Quant à ses pouvoirs, celui de séduction est commun chez les femmes-renardes, tandis que celui de faire appel aux flammes (Lucioles « Fox-Fire » en anglais, Assaut Spirituel) pourrait être une référence aux kitsune qui sont connues pour provoquer des incendies. Au passage, il est possible qu'il y ait un lien avec le skin « firefox » aussi (en plus du navigateur).
Bref, bien des choses qui viennent confirmer le lien de parenté d'Ahri...




Et cherchèrent à dominer le monde !

Oui parce qu'Ahri est loin d'être la seule femme-renarde rentrée dans la culture populaire. Il y a de nombreux exemples!
On pourrait mentionner les pokemons ou Tails l'ami de Sonic, mais je ne vais vous parler que de deux d'entre eux. Le premier parce qu'il provient d'un jeu que j'ai beaucoup aimé, le second... Et bien parce qu'il est difficile de passer à coté, et (surtout) car il est fortement probable qu'il ait été une autre source d'inspiration pour notre championne.


Je commencerai donc avec Okami.
Et pour le coup, je vais être obligé de spoiler à mort. Donc si vous n'avez pas fait le jeu et que vous pourriez avoir l'envie de le faire – Ce que je vous conseille vigoureusement, d'autant plus qu'il est récemment sorti en HD et disponible sur le PSN pour une bouchée de pain –, alors passez le gros de ce qui va suivre.

SPOILERS

Okami nous permet d'incarner la déesse du disque-solaire Amaterasu sous sa forme de louve, qui est accompagnée par Issun. Une sorte de puce calligraphe ne comptant pas la lâcher avant d'obtenir toutes les techniques du pinceau céleste. Le jeu est découpé en trois arcs, où l'on affronte à chaque fois un yokai (démon-monstre japonais) particulièrement puissant.
Et c'est dans le second arc qu'intervient une kitsune du nom de Kyubi (Kyubi no kitsune / renarde à neuf queues pour rappel) particulièrement retorse.
Elle commence par empoisonner l'Empereur de la Cité. Atteint d'une étrange maladie, il est resté alité depuis des jours et répand une étrange brume nauséabonde qui se propage dans toute la ville.
Elle ourdit par la suite un sombre plan dans le but de récupérer l'arme qu'elle a perdu : L'appeau à renard. L'esprit s'empare du corps de la grande prêtresse Tsuzorao, affectueusement surnommée « Gros nénés » par Issun, pour des raisons évidentes, puis utilise Amaterasu qui pensait œuvrer pour l'impératrice, de manière à récupérer l'appeau et donc sa pleine puissance. La louve et la puce trouveront l'objet dans la gueule d'un dragon des mers, grand protecteur de la région et le confieront à la grande prêtresse.
Mais avant que les deux protagonistes ne s'aperçoivent de leur méprise, elle tuerait Himiko, l'impératrice, et avec elle le seul risque de voir ses plans déjoués. Amaterasu serait alors contrainte de poursuivre Kyubi jusqu'à son repaire, l'île Oni. Et parviendrait finalement à se défaire du démon, libérant la contrée de son joug maléfique.

Quel plaisir de combattre une sœur d'Ahri, Merci Okami !



Enfin, je me vois contraint à de parler de Naruto... 
Non franchement je voulais l'éviter, je suis loin d'être un grand fan de la licence. Elle incarne plus ou moins tout ce que je n'aime pas dans les shonen. Mais voilà, il manquerait une partie importante sur le character design d'Ahri si je passais à coté. Oui parce que certains n'auront pas manqué de le mentionner, les deux personnages partagent certaines similitudes.
Mais avant cela, expliquons en quoi la série de manga / animé reprend le thème de la kitsune.

Non ce n'est certainement pas
badass, pas du tout !
Je ne vais pas rentrer dans les détails de l'histoire. D'abord parce que je n'en connais pas grand chose et aussi parce que je doute un peu de son intérêt, et c'est mon coté hater qui parle.
Bref, ce qu'il faut savoir c'est que Naruto est l'hôte d'un puissant démon : Kyubi (oui encore), le renard aux neuf queues. Il paraît surtout cruel et destructeur là où les femmes-renardes sont plus subtiles.
Ce sera plutôt le comportement de Naruto qui se rapprochera (un peu) de celui des kitsune. Effectivement, il se montrera facétieux, autant envers ses amis que ses adversaires. Il aime jouer des tours, aussi utilise-t-il des techniques de manipulation, la métamorphose, ou des plaisanteries plus potaches comme des choses apparentées à un toucher rectal, mais aussi, plus intéressant, une capacité de séduction. Le ninja s'amuse à utiliser le « sexy-meta » qui le transforme en une superbe jeune fille, nue ou en maillot de bain de manière à déconcentrer ses adversaires masculins.
Par contre si les kitsune paraissent souvent tel que fines manipulatrices, Naruto restera plutôt simple, voire pas bien malin. Il n'a pas récupéré ce trait de caractère de Kyubi, dit particulièrement fourbe.

Ouh la vilaine copieuse-euh !
Ce qu'il faut ajouter maintenant, ce sont les ressemblances entre lui et Ahri. Plutôt d'un point de vue graphique d'ailleurs. La chose franchement marquante, le truc qui saute aux yeux, ce sont les marques que tout deux ont sur le visages. Elles forment des « moustaches » sur les joues. Dans le cas de Ahri, elles trahissent immédiatement son origine (en plus de ses oreilles).
Ils partagent aussi leur « pouvoir-signature », cette capacité à créer un orbe dans le creux de leur main. Il s'agit de l' « Orbe Tourbillonnant » chez Naruto. Et si ça peut paraître un peu anecdotique comme ça, que cette capacité ait été spécifiquement choisie par les développeurs pour caractériser Ahri (elle paraît directement sur les splashs et est toujours visible sur le modèle graphique), n'est sans doute pas une pure coïncidence.

Il en découlera toujours la question de savoir de quoi Ahri a été inspirée en premier lieu.
Voulaient-ils créer une « Naruto » devant le succès planétaire du personnage, ou avaient-ils été intrigués par les mythes autour de la femme-renarde et y avaient ensuite greffé diverses allusions?
Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, la question n'a pas grand intérêt en vérité. Aujourd'hui rien ne découle du néant, tout n'est qu'inspiration d'ici et là. Les champions créés n'en sont pas pour autant mauvais, et machin n'est pas nécessairement mieux que truc.
A vous de déterminer d'où vient Ahri, ou pas... Quelle importance après tout? De toute façon détestez-la comme il se doit, voilà tout !




Le gros des images vient une nouvelle fois de DeviantArt, je remercie les artistes.
Voici leur page, par ordre d'apparition dans le billet :
http://thelittlefirefly.deviantart.com/; http://el-seluvia.deviantart.com/
http://swedishbattery.deviantart.com/; http://meefoong.deviantart.com/
http://kheleksul.deviantart.com/ et http://ningyee7.deviantart.com/

6 commentaires:

  1. C'était très plaisant à lire, merci.

    RépondreSupprimer
  2. Bravo, très beau travail. Je lirais avec attention tes prochains travaux.

    Bon courage !

    RépondreSupprimer
  3. Génial ! Merci beaucoup Aerynn, c'était vraiment intéressant, je connaissais déjà la moitié des 'facts' sur les mythes orientaux et j'ai dévoré l'autre moitié !
    Vraiment merci d'avoir fait une note sur elle, j'ai adoré :)

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour vous encouragements, ça fait plaisir ! ;)

    RépondreSupprimer
  5. Vraiment super intéressant !

    J'ai passé un super moment à le lire merci =)

    RépondreSupprimer